Chaque soldat recevait environ 750 grammes de pain par jour et 750 grammes de pommes de terre.
Plusieurs pains existent, leur fabrication est très minutieuse, le pain de munitions ou de table, le pain de soupe, le pain biscuité et du pain de guerre.
Le pain de munitions et le pain biscuité sont fabriqués dans les forts. Pour le fort de Villiers il provient soit du fort de Sucy, soit d’un boulanger civil.
Le pain biscuité sera utilisé en période de manœuvre ou en campagne, quand une conservation longue durée est nécessaire.
Le pain de soupe est acheté sur place dans la localité.
Le pain de guerre est soumis à l’adjudication dans la boulangerie civile.
Le pain de munitions ou pain du Roi se conserve 6 à 8 jours, il était donné autrefois aux prisonniers et aux galériens. Il est fabriqué à partir de froment et de seigle. Il se conserve très longtemps. Dans les forts il est constitué de farines de blé tendre blutées à 20 % ou de blé dur blutées à 12 %, ou de blé « mitadin » blutées à 16%. Le blé mitadin est un blé entre les deux –blé dur plus blé tendre, le blutage est le tamisage de la farine, pour séparer le son de la farine fine.
Le pain biscuité se conserve environ 20 jours, les militaires le trempaient longuement dans un liquide, soupe, vin, café, alcool de fruits…
Le pain de guerre est de loin bien moins appétant que le pain biscuité. Il cause quelques problèmes digestifs. Un concours en 1903 n’amènera pas d’amélioration. Un apport de sucre permettra d’atténuer cette saveur rance et d’en espacer les distributions.
Les hommes de troupe recevaient chaque jours deux repas chauds ou réchauffés, à 10 heures du matin et à 17 heures le soir, et un casse-croûte le matin au réveil.
750 grammes de pommes de terre seront remplacés par du riz ou des pâtes. Une soupe à volonté est là pour rassasier les soldats.
Le casse-croûte est composé de café noir, ou de soupe. Il se déroulait dans la chambrée.
Les chambrées sont d’environ 28 soldats. Il y a des tables et des bancs. Au dessus de chaque table, fixée à la voûte se trouvait un câble qui permettait de soustraire aux rongeurs le pain et les provisions de chaque soldat. Les lits sont assez rudimentaires et à 4 places, 2 en haut, 2 en bas avec une planche à bagages. Chaque soldat disposait d’un tabouret et d’une tablette en bout de lit, rabattable, pour manger. Par la suite pour éviter les odeurs, le manque d’aération, l’éclairage précaire, les repas seront pris dans un réfectoire. Un poêle de chauffage est installé dans chaque chambrée.
Les morceaux de viande fraîche réservée aux militaires sont de deuxième catégorie, difficile à la vente aux clients. Elle est principalement de bœuf, vache, veau, mouton et porc.
A défaut de viande fraîche on délivre de la viande conservée. Ces conserves sont préparées uniquement en vue de la guerre. Les modes de conservation adoptées en France à cette époque étaient les conserves en boîtes, viande congelée, viande demi-salée, viande salée. Essentiellement des viandes bouillies et parfois mal stérilisées. Pour les protéger de la rouille, on enduit les boîtes d’une couche de peinture inoffensive, bien adhérente et très siccative.
Petits vivres : sont désignés sous ce nom tous les légumes, les pâtes, le riz, le sel, le sucre, le café, la confiture, le vin, le cidre, la bière, l’eau de vie etc.
Un jardin potager existe dans pratiquement tous les forts, c’est un bon moyen d’échapper aux corvées.
La vieille habitude paysanne retrouve ici son utilité. Une ou deux musettes toujours en bandoulière permet pour le travail ou les déplacements d’avoir un en cas pour les petits creux.